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La punition corporelle à l’école

La punition corporelle à l’école
    Introduction Aujourd’hui, la punition n’a plus vraiment la cote auprès des éducateurs. Sa valeur éducative et aussi son efficacité sont contestées. Elle reste néanmoins dans bon nombre d’écoles une pratique « institutionnalisée » à laquelle ont recours une majorité d’enseignants, même si ce n’est plus à la même fréquence que par le passé ni avec la même sévérité.

    Qui aime bien châtie bien

    Jusqu’à une époque pas si éloignée, la punition était considérée comme un des instruments indispensables à toute forme d’éducation. L’enfant était perçu comme un animal qu’il fallait dresser. Les punitions étaient l'instrument naturel pour faire disparaître les comportements indésirables et amener le « petit d'homme » à rejoindre l'humanité. Les punitions avaient également une fonction expiatoire destinée à laver la faute souvent considérée comme un péché qui souillait l’âme du fautif. Parmi les punitions, les châtiments corporels figuraient en bonne place. Ils n’étaient pas perçus comme une intolérable violence, mais au contraire comme une marque d’amour des parents et éducateurs à l'égard des enfants . Cela peut nous paraître étrange aujourd'hui, mais dans un monde imprégné d'un profond pessimisme sur la nature humaine, les mauvais parents n'étaient pas ceux qui infligeaient à leurs enfants des châtiments justes quoique douloureux, mais au contraire, ceux qui ne prenaient pas tous les moyens pour empêcher les enfants de donner libre cours à leurs mauvais penchants, ce qui risquait fort de les mener à leur perte et leur damnation éternelle.

    Les inconvénients de la punition

    De nos jours, la punition n’a plus vraiment la cote auprès des théoriciens de l’éducation. Pour certains, elle doit être considérée « comme une mesure de dernier recours, à utiliser uniquement lorsque les autres techniques n’ont pas donné des résultats. » Pour d’autres, il faudrait même « éradiquer toute notion de punition . » D’où vient ce discrédit à peu près unanime de la punition ? Avant tout, du fait qu’elle ne parvient pas à atteindre ses objectifs. En effet, si dans un premier temps, la punition peut parfois faire cesser un comportement non désiré, sur le plus long terme, elle parvient rarement à induire un changement durable du comportement. Elle aurait même tendance dans certaines situations à provoquer l’effet inverse de celui désiré. Ainsi loin de favoriser le développement de l’autodiscipline, elle réduirait la tendance de l’élève à se contrôler, voire le pousserait à accroître ses capacités de dissimulation pour éviter la punition. Elle peut également renforcer le comportement indésirable, notamment chez les élèves qui l’avaient accompli pour se faire remarquer. Dans ce cas, la punition, au lieu d’avoir l’effet dissuasif recherché, devient la réponse attendue à une provocation et peut accroître le prestige de l’élève indiscipliné au sein du groupe. Elle a également des effets néfastes sur la perception que l’élève a de lui-même et sur la relation qu’il entretient avec l’enseignant. Un enseignant autoritaire qui recourt souvent à la punition pour « tenir sa classe » créera entre lui et ses élèves un climat de tension et de peur peu propice à susciter l’estime et la réceptivité des élèves face à son enseignement, et cela même auprès de ceux qui ne seraient pas portés a priori à se montrer indisciplinés.

    Les parents face à la punition

    Pendant très longtemps, les enseignants ont attendu des parents un appui voire un renforcement dans la punition. Cette attente est d’ailleurs toujours d’actualité, comme l’atteste le fait que les écoles continuent à exiger la signature des parents dans le journal de classe où la punition est mentionnée ou la signature du règlement de l’école en début d’année. Aujourd’hui, cependant, les plaintes se font de plus en plus fréquentes pour répéter que les parents n’assurent plus convenablement ce rôle d’appui des enseignants. On leur reproche même d’être les principaux responsables de la mauvaise conduite de leurs enfants auxquels ils auraient renoncé à inculquer quelque règle que ce soit. On redoute même parfois de les voir débarquer dans l’école pour venir à la rescousse d’un élève qui les aurait appelés avec son GSM pour se plaindre d’un enseignant qui l’aurait puni ou qu’ils ne s’adressent à la justice pour contester une sanction. On souligne enfin leur incohérence quand ils réclament un retour à une discipline plus ferme mais dont les punitions ne s’appliqueraient qu’aux autres enfants que les leurs.

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